Château de Rentilly : découvrir le réel dédoublé ou augmenté

Dans le cadre de l’étonnant château de Rentilly se tient jusqu’au 4 février 2018 l’exposition «Hôtel du Pavot 2 ».



Le château de Rentilly revu façon Star Wars
À plus d’un titre, Hôtel du Pavot 2 explore la notion de double – et par extension, celles de répétition, de reflet et de reprise – à travers un ensemble d’œuvres issues en grande partie de la collection du frac Ile-de-France et complété par des prêts en provenance d’autres Frac.












Véritable écho – sorte de « saison 2 » – de l’exposition précédente (Hôtel du Pavot …) présentée au château, la scénographie reprend le même dispositif, à savoir une succession d’espaces conçus comme autant de chambres formant hôtel. Cette fois, le visiteur est invité à le parcourir pour y découvrir des œuvres qui lui procureront une étrange sensation de déjà-vu. Et pour cause : de façon systématique, chacune des œuvres proposées dans l’exposition s’affirme avant tout par un jeu de dédoublement.
Diptyques (John Hilliard, Robert Cumming, Sophie Calle), notion de reproductibilité (Michel Blazy, Julien Bismuth), références et identité (Cindy Sherman), vertige de la duplication (Dan Graham), remake (Pierre Huyghe) ou réinterprétation d’œuvre existante (Florence Paradeis) … tous les moyens sont bons pour battre en brèche une conception où l’œuvre d’art se distingue avant tout par son unicité.










Depuis la Chambre 202 -œuvre de Dorothea Tanning présentée dans la précédente exposition Hôtel du Pavot… , dont les « restes » ont été conservés - qui donne désormais la possibilité de jouer au Memory façon Aurélien Froment, jusqu'à la chambre double de Keren Cytter qui semble nous proposer deux fois le même film, en passant par les faux Douanier Rousseau/vrais Ernest T., les reprises de Joachim Koester, les polyptyques de Rodney Graham, les jeux de miroir deMarkus Raetz ou bien encore les dédoublements systémiques de Bernard Piffaretti, Hôtel du Pavot 2 nous plonge dans une expérience pour le moins troublante – un état proche de l’ébriété en quelque sorte – où tout ce qui nous apparaît nous est systématiquement proposé deux fois.
Mais, comme semble nous l’indiquer le fameux héros alcoolique de Malcolm Lowry dans Au dessous du volcan, voir double, n’est-ce pas voir plus intensément ?

Renseignements pratiques :

FRAC Ile-de-France, le château / Par culturel de Rentilly – Michel Chartier
Domaine de Rentilly, 1 rue de l’Etang, 77600 Bussy-Saint-Martin
fraciledefrance.com / parcculturelrentilly.fr
Mer. & Sam. 14h30- 17h30
Dim. 10h30 – 13h, 14h30 – 17h30
Entrée libre

Château de Rentilly : un destin étonnant

A l’origine était construit un château au XVème siècle possédé par le secrétaire du roi Henri IV.
Il passa ensuite entre diverses mains.
Nous retiendrons quelques noms et tout d’abord celui d’Ernest André, banquier qui en fit l’acquisition en 1846 et fit exécuter de nombreux travaux.
Son nom vous est connu grâce à Nelly, sa femme, célèbre collectionneuse et mécène :
l’Abbaye royale de Chaalis, le Musée Jacquemart-André à Paris et leurs fameuses collections, c’est elle.
En 1863 Ernest André cède la propriété à son fils Édouard, grand collectionneur d’œuvres d’art qui le conserve jusqu'en 1890.
Édouard André agrandit le château en hauteur, puis fait construire des ailes et des clochetons, transformant ainsi ce château de style italien en style Louis XIII.
Il entreprend de revoir également la disposition du parc, il fait construire des bassins en béton aggloméré, qui à l'époque n'était pas un matériau utilisé pour ce genre de construction.
Il l'agrémente de sculptures, de statues.




Gustave Flaubert, dans une de ses correspondances décrit ainsi le domaine :
« J'ai été à Rentilly, au delà de Lagny, chez Mme André. Ce château est d'un luxe qui dépasse tout ce que j'ai vu jusqu'à présent. Il est vrai qu'il y a dans la maison plus d'un million de rentes, et je le crois sans peine, d'après le train qu'on y mène. J'ai vu arriver à la fois, par quatre avenues, dans le parc, quatre voitures de la maison, chacune attelée de deux chevaux superbes, etc. »
En 1891, c’est l'industriel et homme politique Gaston Menier devient le nouveau propriétaire, il apporte également des modifications modifiant l'aspect de ce château : un hammam, une chaufferie, des écuries ainsi que trois pavillons furent rajoutés.
Le nom de Menier ne vous dit rien ?
Mais si : c’est bien le chocolat !
Et pour rester entre Menier, sachez que Laure Menier en est une descendante et qu’elle possède le merveilleux château de Chenonceau dont elle est également le conservateur passionné !
Mais le destin de Rentilly ne s’arrête pas là !




Après d’autres cessions il s'ensuit une réhabilitation du site : dès 2003 le parc est augmenté de nombreux arbres, les allées dégagées, des clairières aménagées et il est remis en son état de parc à l'anglaise. Des travaux sont effectués également sur le château, mais vu son état général, il est décidé en 2011 de lancer un appel à projet pour concevoir de manière artistique et atypique une nouvelle architecture s'intégrant avec le décor et l'immense parc.
Le château est devenu un centre destiné à l'art, son aspect extérieur a totalement changé, il a été totalement recouvert de glaces sans tain et d'inox « semble sorti tout droit d'un épisode de Star Wars » !




Cette nouvelle construction est critiquée par les associations Vigilance Marne-et-Gondoire, qui reproche les conséquences écologiques, et la Ligue pour la protection des oiseaux qui considère cet habillage mortifère pour les oiseaux.
Ce domaine est depuis 2014, un centre dédié à l'art contemporain.
Que l’on apprécie ou pas, le résultat est là :
Rentilly est désormais à tous, que ce soit pour l’agrément ou l’art contemporain.
Et c’est bénéfice pour tous !

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

JEAN-MICHEL BASQUIAT à la Fondation Louis Vuitton

Demain la Chine ! partie - 1

Nigeria : Shehu Shagari, premier président démocratiquement élu, est mort