Renault : l’incroyable collection d’art


Jean Dewasne - Technocentre Renault


Jean Dubuffet - Paysage avec ville et personnage


Juan Miro

Qui pourrait croire que Renault, le constructeur automobile français, dispose d’une collection d’art digne d’un grand collectionneur ?

L’histoire débute en 1967, quand Claude Renard, cadre supérieur de Renault et par ailleurs amateur d’art et ami de Malraux, souhaite rapprocher le monde de l’entreprise et celui de l’art contemporain en établissant des collaborations ponctuelles avec des artistes.

Avec le soutien de Louis Dreyfus, PDG de ce qui était à l’époque la Régie Renault, il se lança alors dans une démarche intuitive et sans objectifs précis affichés.
« Il n’y avait pas alors de désir de collecter des œuvres. L’art contemporain n’était alors, ni une valeur spéculative, ni un signe de prestige. C’est pourquoi le projet était d’initier une collaboration vivante avec l’artiste et non d’acheter des œuvres finies, » nous fait remarquer Ann Hindry, directeur de la collection d’art Renault et historienne d’art.

La Régie Renault se piqua ainsi d’art contemporain et entreprit de collaborer avec divers artistes, dont certains inconnus à cette époque, en mettant à leur disposition pour leurs créations matériaux, techniques et l’environnement d’un site industriel :
ses ateliers historiques de Boulogne-Billancourt !
Une démarche unique pour l’époque, puisque Renault ne chercha pas à acheter des œuvres d’art, mais plutôt à y contribuer !

Le premier artiste à accepter de collaborer fut Arman (courant des Nouveaux Réalistes),qui après visite des lieux, travailla sur les nouvelles formes et matériaux sur le thème de la vie quotidienne.

Vasarely dessine le logo de Renault

Puis ils furent vingt neuf autres à prendre sa suite, parmi lesquels des grands noms comme Dubuffet, Tinguely et Vasarely.

Ce dernier iconographe fit plusieurs fois appel aux compétences techniques des ingénieurs de Renault pour son travail.
L’artiste fut l’auteur du logo Renault, utilisé pendant 20 ans, de 1972 à 1992 !

Approché par Renault en 1983, l’écrivain belge Henri Michaux signa un partenariat pour produire trente toiles. Malheureusement, après dix peintures, il décéda… Les héritiers du peintre acceptèrent d’en offrir vingt à la firme afin d’afficher un ensemble cohérent…

Pour sa part Jean Dewasne revisita à la laque Ripolin des pavillons de camions qu’il avait prélevés directement sur les lignes d’emboutissage de l’usine de Blainvine sur Orne appartenant à la Régie Renault…

Le fruit de leur travail fut parfois installé au sein même des locaux du siège, ornant couloirs, lobby, salles de réunion…sans que les ingénieurs et cadres de l’époque n’y prêtent grande attention !

Oubliée pendant les années 80/90, certaines œuvres sont des rescapées de la destruction des ateliers de Boulogne.

Curieusement cette collection a fait l’objet d’une quinzaine d’expositions de par le monde (dont celles très remarquées en Chine à Pékin – 2015- et Wuhan –2016 - : un tiers de cette collection fut présenté à Pékin (Today Art Musuem) puis un an après à Wuhan (Hubei Museum of Art) soit 100 pièces, jamais exposées en France.
Une première en Chine !

Et la France dans tout cela ?
Il n’y a guère eu que Besançon en 2005 avec « Le Renault de Doisneau » à Besançon en 2005 et surtout le Cateau-Cambrésis en 2014 avec Jean Dawasne.
Mais pour Jean Dewasne il s’agissait d’œuvres provenant non de la Collection Renault mais d’une donation faite à l’Etat.

Alors, n’y aurait-il pas urgence à présenter au public français cette étonnante et remarquable collection d’art contemporain ?

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